lundi 26 août 2013

Introspectoduction

Je ne sais pas exactement quand ça a commencé.

Certains spectateurs ont identifié clairement la naissance de leur cinéphilie.
Un film, une séance, un plan.
Moi, j'ai toujours eu du mal avec les souvenirs lointains en général.
Ma première séance, ma première émotion de cinéma, le moment où je me suis approprié le cinéma comme un des éléments essentiels de mon existence, me sont inconnus.

Il y a toutefois un bloc qui se détache : le cinéma hollywoodien des années 84 à 88, quand j'avais entre 7 et 11 ans. Des gros films d'aventures que tout le monde allait voir. Un cinéma un peu méprisé, le divertissement hollywoodien dans ce qu'il a de moins noble. Pourtant c'est là que se concentre mon creuset d'inspirations à moi, et c'est là que sont nées une multitude d'émotions séminales qui ont changé ma vie.


Le Temple Maudit (1984)

Voilà pour l'ascendance. Je suis un fils de Terminator et de Rambo, de Peter Venkman et d'Indiana Jones, des ZAZ et de Kevin Costner.

J'ai aimé le cinéma comme un petit provincial qui a grandi sans internet. L'accès aux films était limité par les sorties salles et les diffusions télé, c'était autrement plus coton que maintenant. Dans la ville de mon enfance, seulement deux cinémas de 5 salles, qui depuis ont fermé. J'y allais avec ma grand-mère le mercredi après-midi, elle me laissait choisir les films. Je me souviens encore de sa tête à la sortie de Predator... J'avais 11 ans !

Pris de passion pour le cinéma d'action, puis le cinéma fantastique, je me suis mis à acheter des magazines (Ciné News, Starfix, Mad Movies), à empiler des VHS, à collectionner des affiches, à écrire des ébauches de scénarios, à dessiner des images de films que j'inventais. La plupart montrait des types super musclés et très méchants de mettre en pièces. Je me voyais bien réaliser Mad Max IV ou Les Incorruptibles II.

Mais ce n'était pas une passion dévorante. Affaire de personnalité sans doute : je n'étais pas un acharné, j'étais un raisonnable. J'adorais le cinéma, mais avec mesure. Ce n'est que la régularité inébranlable de ce loisir qui lui a donné la place qu'il a aujourd'hui dans ma vie.
Adolescent, j'avais une vie normale, j'étais bon élève, plutôt sociable, je faisais du sport, mes parents voulaient que je sorte et que j'aie des amis. Pour eux, le cinéma n'avait pas le même prestige que la littérature, ce n'était pas une occupation "saine" que de passer sa journée devant un écran de télé, et même si je m'arrangeais pour cultiver ma cinéphilie dans leur dos, je ne voulais pas les contrarier. J'ai donc veillé à ce que le cinéma ne vienne pas déranger tout ça. J'étais tout sauf un geek cinéphage.

Au moment de passer mon bac, le cinéma était toujours dans mes plans. J'ai pensé en faire mon métier mais là encore, j'étais un peu seul dans ma démarche, je n'avais pas les choses à portée de main et pas non plus la volonté d'aller les chercher trop loin. Sans doute par peur de l'échec, j'évitais de me lancer dans un milieu que je ne connaissais pas. J'ai eu mon Bac S et je suis parti à la fac. Mais une fac de lettres, au cas où je puisse un jour intégrer la FEMIS... 



Greystoke (1984)

Je n'étais pas fait pour la fac. Trop dilettante, pas assez autonome ni motivé par ces études de linguistique où on t'apprend l'origine du pluriel... Quand le module cinéma a été supprimé de mon cursus, deux mois après la rentrée, j'étais perdu, je ne savais plus ce que je faisais là. J'ai laissé tomber mon année, à la fois résigné et en colère. J'ai fini en droit parce que ma copine y était. Et aujourd'hui, après quelques tribulations, me voilà en prison... où je travaille, comme conseiller d'insertion, à des années-lumières du milieu du cinéma.

Je l'ai souvent abandonné, relégué au dernier rang de mes priorités, snobé. Je m'en suis même voulu d'être encombré par cette passion qui n'en était pas une, chronophage et peu valorisante. Mais le cinéma ne m'a pas quitté. Parce qu'il fait partie de moi, il m'a élevé, aidé à me construire, peut-être, parents mis à part, plus que n'importe quelle personne vivante.
Et vue de nez, cela va bientôt faire 30 ans qu'il partage ma vie.
Il était temps de faire quelque chose de cette relation.

Ami lecteur, dissipons un malentendu : j'écris ces pages pour moi-même. Je ne cherche rien à t'apprendre. Mais si par bonheur, tu retrouves un peu de toi-même dans ces pages, n'hésite pas à me le faire partager, ça me fera plaisir.

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